terça-feira, novembro 04, 2008

Confédération Nationale du Travail - Fédération des Travailleuses/eurs de l'Éducation





Au Portugal, ces trois dernières années, le gouvernement Sócrates (PS), et la ministre de l’éducation, Maria de Lurdes Rodrigues, ont lancé plusieurs offensives contre l’école publique.

Les réformes ont provoqué une dégradation sans précédent de l’enseignement, et créé un profond mal-être chez les professeurs . Le 8 mars 2008, 100 000 enseignants (un sur trois) vêtus de noir en signe de deuil ont défilé dans les rues de Lisbonne. Ce fut le plus grand mouvement de protestation des enseignants qui ait jamais eu lieu au Portugal.

Cette manifestation a été le point culminant de semaines de lutte et de contestation nées au sein même des écoles contre les nouvelles modalités d’évaluation des enseignants, unanimement rejetées à cause de leur contenu irrationel et de leurs objectifs purement économiques. Ces modalités d’évaluation découlent du Statut de Carrière des enseignants, que le gouvernement a imposé contre la volonté des professeurs et qui a donné lieu a une énorme contestation.

Les centaines de rassemblements, manifestations, et “vigílias” qui ont précédé la mega-manifestation furent très souvent conduites par des groupes de professeurs qui s’étaient organisés à l’intérieur des établissements. Beaucoup de rendez-vous ont circulé anonymement par sms ou par internet. Ces mouvements de contestation de la base, nés en dehors des structures syndicales enseignantes, ont mis la pression sur les syndicats de professeurs.

Ce mécontentement est la réponse naturelle à des années de réformes économiques qui ont gravement mis en cause la qualité du travail enseignant, et qui ont contribué à la dégradation de l’école publique au Portugal. Ces réformes ont mené à la fermeture de nombreuses écoles , ont modifié la nature des programmes et ont réduit la participation des enseignants aux instances dirigeantes des établissements. L’enseignement spécialisé et l’enseignement artistique ont également subi de graves attaques, qui ont sérieusement mis à mal les principes de l’école pour tous (“inclusive”). Le plan qui est en marche vise au désengagement progressif de l’État du secteur éducatif pour le transférer aux municipalités et ouvrir ainsi la porte à une future privatisation de l’enseignement. Ce plan, qui a débuté par la remise aux collectivités locales de la gestion du parc scolaire, pour ensuite être éventuellement confiée a l’Eglise, menace maintenant d’être étendu aux travailleurs non-enseignants ainsi qu’aux professeurs eux- mêmes qui courent le risque de changer de ministère de tutelle et de perdre leurs droits . Un récent projet de loi ouvre la porte au passage des professeurs sous la dépendance des municipalités. (1)

Au Portugal le réseau public d’enseignement aurait perdu entre 16 et 23 000 enseignants ces trois dernières années.(2) Ces réductions ne sont pas causées par la diminution du nombre d’élèves, comme le gouvernement a voulu le faire croire, mais plutôt à la fermeture d’écoles et à l’augmentation des horaires de travail.

Le Plan de fermetures d’écoles mis en place dès l’entrée en fonctions du gouvernement Sócrates prévoyait de fermer environ 4000 écoles primaires jusqu’au terme de la législature en 2009 (3). Rien qu’au début de l’année scolaire 2006/2007, 1500 écoles ont été fermées, la fermeture de 900 écoles supplémentaires étant prévue pour l’année suivante. Ces fermetures touchent surtout les zones de l’intérieur nord et du centre du Portugal, déjà largement désertifiées et elles vont naturellement accentuer cette tendance. Les élèves des écoles primaires fermées sont aujourd’hui obligés de rester la journée entière loin de leur domicile et perdent de longues heures dans les transports. Le réseau de transports scolaires, dépendant des municipalités, fonctionne avec de graves déficiences. Des enfants très jeunes sont ainsi obligés d’utiliser les transports publics sans que la surveillance adéquate ne soit garantie, ce qui a déjà provoqué des morts.(4)

L’enseignement spécialisé (pour handicapés) est un autre secteur qui a subi des assauts qui ont mis en danger les principes de l’école « inclusive ». La disparition des Équipes de l’Éducation Spécialisée et de leurs coordinations régionales a laissé les enseignants du secteur isolés dans les écoles. Le gouvernement a imposé un plan de restructuration qui prévoit uniquement un soutien aux handicapés (déficients), laissant de côté des milliers d’élèves dyslexiques, hyperactifs et ayant des problèmes de comportement et d’apprentissage. Ceux-ci courent le risque de se perdre et d’être envoyés dans les “circuits alternatifs” perdant ainsi toute possibilité de progresser a l’intérieur du système éducatif.(5)(6)

L’enseignement artistique, qui était déjà le parent pauvre, n’a pas non plus été épargné par les réformes. À l’école primaire, il a même été retiré du programme obligatoire tout comme l’éducation physique. Ces activités sont maintenant inclues dans les “prolongement d’horaires” et laissées à des moniteurs sans qualification apropriée , engagés sous contract précaire et mal payés par les municipalités(7).

Le système éducatif Portugais se trouve donc dans une situation réellement préoccupante. Le profond mal-être causé par les réformes du gouvernement actuel et menées à bien par la ministre Maria de Lurdes Rodrigues lui font pleinement mériter son surnom de “ Sinistre Ministre”.

José António Antunes .

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